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Chili 1970-1973: Quand la résistance s’affiche

Chili, 1970. 

Salvador Allende est élu à la tête du pays. 

C’est un leader socialiste à la tête de la coalition de gauche, l’Unité Populaire, qui a  un programme ambitieux visant à transformer radicalement la société chilienne, en nationalisant des industries clés, en redistribuant les terres et en améliorant les conditions de vie des classes populaires. 

Allende arrive au pouvoir, à la tête d’une coalition de partis de gauche comprenant des socialistes, des communistes et des radicaux, avec une alternative au modèle capitaliste en place. 

Le programme de ce gouvernement se concentre sur la nationalisation des industries stratégiques, comme les mines de cuivre, la réforme agraire pour redistribuer les terres aux paysans, et des réformes sociales pour améliorer l’accès à l’éducation, la santé et le logement.

USA, même année. 

On regarde de loin  et pas d’un très bon oeil l’arrivée d’Allende au pouvoir et la montée du socialisme en Amérique Latine. 

Le gouvernement de Richard Nixon, républicain évidemment, et la CIA mettent en place directement des stratégies pour déstabiliser le gouvernement chilien.

Ces 2 protagonistes vont considérablement influencer l’Histoire chilienne des années suivantes. 

Malgré sa légitimité, le gouvernement d’Allende n’a pas non plus les faveurs de l’élite économique et de l’armée. Les grandes entreprises, particulièrement celles liées aux industries nationalisées, s’opposent farouchement à ses réformes. 

Très vite, une résistance à cette politique de gauche se met en place. Le Parti National et le Parti Démocrate Chrétien mènent la charge contre les réformes, craignant la perte de privilèges et l’avancée du socialisme. Cette opposition se matérialise par des grèves organisées, notamment celle des camionneurs en octobre 1972, soutenue financièrement par la CIA, qui paralyse le pays et affaiblit l’économie chilienne.

L’opposition utilise la presse pour discréditer le gouvernement d’Allende et diffuser des informations visant à semer la peur dans la population quant aux conséquences des réformes socialistes. Ces campagnes de désinformation contribuent à polariser davantage la société chilienne, exacerbant les tensions entre les partisan.es de l’Unité Populaire et ses opposant.es.

Face à l’escalade des tensions politiques, certains groupes au sein de l’opposition choisissent la voie de la résistance armée. Des groupes paramilitaires d’extrême droite émergent avec pour objectif de saboter le gouvernement d’Allende par des actions violentes, comme des attentats à la bombe, des assassinats et des actes de terrorisme. Le groupe paramilitaire Patria y Libertad est particulièrement actif dans la déstabilisation du pays, en collaboration avec certaines factions de l’armée chilienne et la CIA.

Ces groupes armés s’opposent non seulement au gouvernement d’Allende mais aussi aux groupes de gauche qui soutiennent l’Unité Populaire. 

En réaction, des groupes d’extrême gauche comme le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) prennent également les armes pour défendre le projet d’Allende et préparer une éventuelle résistance à un coup d’État militaire, dont les rumeurs commencent à circuler de plus en plus fréquemment.

L’intervention étrangère, notamment celle des États-Unis, joue un rôle crucial dans la résistance au gouvernement d’Allende. Le gouvernement américain, sous l’administration Nixon, considère l’élection d’Allende comme une menace directe à ses intérêts en Amérique latine. La CIA met en place plusieurs opérations clandestines pour déstabiliser le gouvernement chilien, allant du financement des partis d’opposition à la création d’un climat de peur et d’incertitude à travers des campagnes de désinformation.

Face à la résistance croissante, le gouvernement d’Allende tente de renforcer son soutien populaire tout en cherchant des solutions pour stabiliser l’économie. Allende met en œuvre plusieurs réformes pour améliorer les conditions de vie des classes populaires, mais il se heurte à des difficultés économiques croissantes, aggravées par le boycott des élites économiques et les sanctions américaines.

Malgré ces défis, Allende refuse de recourir à la répression violente contre ses opposant.es, préférant chercher des solutions politiques. Cependant, son gouvernement se retrouve de plus en plus isolé, y compris au sein de l’armée, où une faction conservatrice, menée par le général Augusto Pinochet, prépare secrètement le coup d’État.

Chili,  11 septembre 1973. 

L’armée chilienne, dirigée par le général Pinochet, organise un coup d’État qui met fin brutalement au gouvernement d’Allende. L’armée bombarde le palais présidentiel, où Allende refuse de se rendre et meurt dans des circonstances controversées (officiellement par suicide). 

Ce coup d’État marque la fin de la résistance politique en faveur d’Allende et le début d’une dictature militaire qui durera 17 ans.

Après le coup d’État, la répression s’abat sur les partisans de l’Unité Populaire, les membres de la gauche et toute personne soupçonnée de soutenir le socialisme. Des milliers de personnes sont arrêtées, torturées, portées disparues ou exécutées. 

La résistance au Chili entre 1970 et 1973 se termine tragiquement, mais elle laisse un héritage durable de lutte pour la justice sociale qui continue d’inspirer des mouvements politiques et sociaux au Chili et au-delà.

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